Comment garder le contact avec une personne victime de violence conjugale en télétravail ?

4 MIN.

Le contexte pandémique a exacerbé les taux de violence conjugale. À cela s’ajoute le recours au télétravail, pratique plutôt rare jusqu’en 2020, qui a considérablement augmenté dans un très grand nombre de milieux professionnels. Pourtant, le télétravail aggrave davantage les situations de violence conjugale ; les frontières entre le travail et la maison sont de moins en moins nettes. (1)

« Je ne pouvais pas travailler, car à chaque fois que je le faisais, je me faisais interrompre. Toute mon attention devait être dirigée vers lui. Je n’arrivais plus à me concentrer sur rien. » (2)


La violence conjugale en télétravail

 

Le télétravail implique pour la victime de se retrouver en quelque sorte en « huis clos », seule avec son agresseur, isolée ; elle risque donc davantage de subir des actes de violence plus fréquents et plus graves.  Les possibilités de fuir un contexte de violence conjugale sont complexifiées et il est également plus difficile pour une personne victime de communiquer avec les personnes à l’extérieur de chez elle (3). L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mentionne que « le télétravail donne des moyens supplémentaires de contrôle de la victime de violence conjugale et peut interférer avec la prestation de travail » (4).

 

Soutenir une personne victime de violence conjugale à distance 

 

Il est pourtant possible de soutenir les personnes concernées, et ce, même à distance. Voici quelques suggestions qui peuvent vous aider à garder le contact avec la personne victime :

  • Faites-lui savoir que vous êtes présent·e en l’appelant ou en lui écrivant régulièrement ;
  • Proposez-lui d’aller faire une marche ou de prendre un café ;
  • Offrez-lui la possibilité de venir travailler en personne ;
  • Envoyez à l’ensemble du personnel un courriel présentant les ressources spécialisées et le lien vers le service de clavardage de SOS violence conjugale. 

Pour prévenir une situation à risque, vous pouvez vous entendre avec la personne et choisir un mot ou une phrase clé qu’elle peut utiliser lorsqu’elle est en danger. Si vous entendez le mot ou la phrase clé, appelez-la et posez des questions auxquelles elle peut répondre par oui ou par non :

  • Êtes-vous en danger ?
  • Voulez-vous que j’appelle le 911 ?
  • Voulez-vous que j’appelle une maison d’aide et d’hébergement pour vous ?
  • Voulez-vous que je contacte un membre de votre famille ?

(1) RACHEL COX, MÉLANIE EDERER, « Le traitement de la violence conjugale comme un enjeu de SST au Canada : une étude empirique », Communitas, vol. 1, no 2, 2021. [https://communitas.uqam.ca/wp-content/uploads/2021/11/Cox_et_Ederer_20211.pdf] (2) REGROUPEMENT DES MAISONS POUR FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE CONJUGALE. Sondage sur la violence conjugale en milieu de travail. 2021. (3) Y. B. KOFMAN, D. R. GARFIN. « Home is not always a haven: The domestic violence crisis amid the COVID-19 pandemic », Psychological Trauma: Theory, Research, Practice and Policy, 12(S1), 199-201. APA, États-Unis. 2020. [https://doi.org/10.1037/tra0000866] (4) INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC (INSPQ). Le télétravail en contexte de pandémie : mesures de prévention de la COVID-19 en milieu de travail. 2020. [https://www.inspq.qc.ca/publications/3040-teletravail-pandemie-covid19]

Voir tous les articles ›