Violence conjugale : déceler les signes chez une employée immigrante

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Les stratégies déployées par un partenaire violent pour isoler, contrôler et priver sa conjointe de liberté touchent toutes les femmes victimes de violence conjugale. Cependant, les femmes immigrantes sont souvent confrontées à des formes spécifiques de violence, amplifiées par leur situation migratoire, ce qui influence les signes distinctifs à prendre en compte pour identifier cette violence. 

Une écoute attentive pour mieux appréhender la situation  


Identifier les signes de violence conjugale n’est pas toujours évident. Ces indices, souvent subtils, peuvent aussi refléter d’autres difficultés personnelles ou professionnelles, rendant leur interprétation complexe.
 

Pour éviter les malentendus ou risquer de briser la confiance de la personne concernée, il est crucial de ne pas tirer de conclusions hâtives ni de porter des jugements précipités. Chaque situation est unique et nécessite une approche sensible et respectueuse. 

Si des signes alarmants sont observés, la meilleure démarche consiste à engager un dialogue bienveillant avec la personne. En posant des questions ouvertes et en restant à l’écoute, vous pouvez mieux comprendre ses ressentis et perceptions, et ainsi l’accompagner avec justesse dans sa réalité.

Surveillance et contrôle par le conjoint [1] 

  • L’employée victime reçoit de nombreux appels et textos personnels  
  • Son conjoint passe souvent la voir au bureau sans prévenir  
  • Il appelle les collègues ou l’employeur pour discuter des conditions de travail de l’employée  
  • Il la surveille ou la harcèle à proximité du lieu de travail  
  • Il détient la majorité de ses comptes et l’accès aux papiers importants  

Changements dans la performance et la présence au travail  

  • L’employée victime arrive fréquemment en retard ou doit s’absenter  
  • Son rendement professionnel diminue et elle semble avoir de la difficulté à se concentrer  
  • Elle n’arrive plus à accomplir ses tâches ni à respecter les délais  
  • Elle demande des aménagements de bureau ou d’horaire sans explication claire  
  • Elle refuse des promotions sans raison évidente  
  • Elle parle de démissionner sans raison apparente  
  • Elle parle de retourner dans son pays sans raison évidente 

État émotionnel et physique  

  • L’employée victime semble sur ses gardes et anxieuse  
  • Elle semble toujours fatiguée et préoccupée  
  • Elle montre des signes de dépression, de stress post-traumatique ou d’autres formes de détresse psychologique  
  • Elle présente des blessures physiques  
  • Elle refuse de parler, s’isole, a de la difficulté à faire confiance 

Isolement et contraintes  

  • L’employée victime semble isolée, sans réseau social ni famille présente  
  • Elle décline systématiquement les invitations aux activités  
  • Elle n’a pas d’informations sur son statut d’immigration, ou exprime des préoccupations liées à son statut ou à celui de son conjoint  
  • Elle ne semble pas pouvoir prendre des rendez-vous ou des décisions comme elle le souhaite  
  • Elle ne semble pas pouvoir suivre des cours de francisation ou participer à des activités socioprofessionnelles  
  • Elle hésite à solliciter le système judiciaire, notamment la police, par crainte de mettre en péril son statut migratoire ou de perdre la garde de ses enfants 
  • Elle subit des pressions familiales ou communautaires qui la découragent de parler de la violence 

Vous avez un doute ? Contactez nos maisons d’aide et d’hébergement. Elles vous aideront à reconnaître les signes de violence et vous conseilleront pour adopter une attitude de soutien adaptée. 

 

[1] Les différents exemples cités dans le document sont en partie inspirés du Guide de la maison d’hébergement La Méridienne, Comprendre pour mieux intervenir auprès des femmes immigrantes victimes de violence conjugale, 2017; du Guide à l’intention des employeurs, des syndicats et des employé·e·s, RMFVVC, 2021; de la Boîte à outils sur le contrôle coercitif, RMFVVC, 2021.