Une femme me dit vivre de la violence conjugale : que faire ?

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Dans un contexte de violence conjugale, la réponse de l’entourage et des employeurs revêt une importance fondamentale. Les personnes victimes de violence conjugale peuvent être isolées et subissent une fragilisation psychologique immense.  Si vous avez remarqué certains signes qui pourraient indiquer qu’une femme vit de la violence conjugale, vous devrez instaurer un climat de confiance et faire preuve de respect et de bienveillance pour que la personne victime vous dévoile sa situation.

« Mes collègues avaient remarqué des choses, mes changements d’humeur. Ils m’ont questionnée et mise à l’aise, ce qui a fait que je me suis ouverte à eux. » (1)

Lorsqu’une personne vous partage son vécu, il est nécessaire de prendre conscience de votre propre système de valeurs avant d’agir. Comment vos références, individuelles et collectives, vont-elles influencer votre façon d’agir et de réagir à cette situation ? Avant toute chose, il faut s’assurer d’adopter une attitude neutre, sans jugement et être toujours à l’écoute de la personne concernée.  

 

Répondre et réagir adéquatement à un dévoilement de violence conjugale

« Le plus précieux des conseils que je puisse donner : ne forcez pas une femme à quitter son conjoint violent. Elle doit le quitter quand elle est prête, quand elle se sent en sécurité, financièrement indépendante, et qu’elle a trouvé un endroit bienveillant où aller vivre. Mes collègues m’ont vraiment aidée, car ils savaient que j’étais toujours avec mon conjoint malgré la situation de violence conjugale que je vivais. Ils ont priorisé ma sécurité et ils ne m’ont pas jugée. Ils ont juste été compréhensifs. Ils m’ont écoutée. Ils m’ont aussi donné leurs adresses et leurs numéros de téléphone en cas d’urgence. » (2)

D’abord, vous devez décider d’un moment et d’un endroit opportuns pour pouvoir discuter avec la personne. Il est ensuite important de lui assurer que votre échange restera confidentiel et qu’elle disposera de votre soutien, quelle que soit sa décision. Il est toujours difficile pour une personne victime de s’ouvrir, de parler de la situation dans laquelle elle est. Elle peut avoir honte de la situation de violence qu’elle vit, avoir peur de ne pas être comprise ou d’être jugée. Soyez à l’écoute de son rythme, n’insistez pas et respectez son choix d’en parler ou non. Par la suite, si possible et avec son accord, dirigez-la vers la personne désignée au sein de votre milieu de travail qui pourra la soutenir adéquatement ou offrez-lui la liste des ressources spécialisées qui pourront l’accompagner.

 

Principes à appliquer pour assurer une communication ouverte qui assure confort et confiance lors de la rencontre :


Lorsqu’une personne vous dit vivre de la violence conjugale et que vous souhaitez répondre de manière appropriée, vous pouvez appliquer quelques principes de communication pour démontrer votre ouverture et inspirer confiance lors de cet échange.

Il se peut que la personne refuse votre aide lors de la rencontre : respectez sa décision. Le fait de savoir qu’elle a votre soutien et de connaître les ressources existantes fait déjà une grande différence. Gardez à l’esprit que de nombreuses victimes de violence conjugale mentionnent qu’une intervention extérieure, même discrète, a été décisive pour les aider à s’en sortir. En effet, de nombreux récits de victimes relatent l’importance qu’une seule personne peut avoir dans le processus de reprise de pouvoir. En étant présent pour elle, l’entourage de travail participe à briser l’isolement de la victime et lui donne espoir de s’en sortir grâce à leur soutien. 

« J’ai parlé de la violence conjugale que je vivais avec mon ex-conjoint à mes collègues et mon employeur. Ils m’ont soutenue et ils m’ont aidée à le quitter. Ils m’ont donné des ressources. Ils ont gardé mon animal de compagnie, mes effets personnels, etc. Ils m’ont aidée à élaborer un “plan de fuite” qui a pris 3 mois. Je ne serais pas en vie si les personnes avec lesquelles je travaillais n’avaient pas été là pour me sauver de cette situation terrible. Ils ne m’ont pas pressée ou forcée à le quitter, ils m’ont simplement soutenue, tout en respectant mon rythme et en s’assurant de ma sécurité et de mon bonheur. » (3)

(1) REGROUPEMENT DES MAISONS POUR FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE CONJUGALE. Sondage sur la violence conjugale en milieu de travail. 2021

(2) Ibid.

(3) Ibid.  

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